Antenne d’Oc, une radio associative du Lot, est venue interviewer les participants au dernier atelier intergénérationnel GEROMOUV’ à Cahors. Ce programme a été créé en partenariat avec l’Education Nationale, donnant lieu à des séquences d’activités physiques se déroulant d’avril à juin 2017. L’atelier était constitué de seniors, d’enfants de 5 ans et d’Audrey Galthié (animatrice). Ce fut un moment fort en émotions pour tous les participants.

En quoi consiste cet atelier ?
Yvette : L’équilibre, c’est-à-dire savoir se baisser, ramasser une balle, pour travailler la stabilité de son corps.
Marilyne : L’habileté, apprendre à pousser le ballon avec les pieds, et mettre ensuite le frisbee dans le panier.
Qu’est-ce que ça vous apporte ?
Marilyne : Être avec les enfants, les aider, leur apprendre.

Yvette : Ils doivent marcher sans toucher les bâtons, avec le ballon, et une fois qu’ils ont tout traversé sans toucher ils posent le ballon dans le cerceau. C’est une activité aussi bien pour les grands que pour les petits.
D’où est né ce projet Audrey ?
Audrey : Au départ GEROMOUV’ ce sont des personnes âgées qui font de l’activité physique, sans les enfants.

Isabelle, Co-responsable de GEROMOUV’, m’a proposé de mettre en place dans le cadre de mon projet sport-santé pour ma formation « BP JEPS », des rencontres intergénérationnelles entre personnes âgées et enfants, sur les parcours GEROMOUV’. Nous avons comparé les programmes de l’Education Nationale avec les capacités sollicitées auprès des personnes âgées : les enfants de moyenne section rentraient dans nos critères.
Effectivement, à cet âge les enfants acquièrent leur motricité, notamment tout ce qui concerne la coordination et l’équilibre. Alors que les personnes âgées font tout pour la conserver ou retrouver une partie de ce qu’elles ont perdu.

Alors comment faire le lien entre ces deux mondes ?
Audrey : nous avons fait le lien en rencontrant Nadine Boyals, responsable pédagogique EPS de l’Education Nationale. Nous lui avons présenté le projet. De suite, elle a accroché.
Elle a ensuite présenté le projet à la Directrice de l’école maternelle Chapou ; école la plus proche du parcours GEROMOUV’ de Cahors.

La directrice a également été séduite par le projet. Tout s’est donc mis en place pour ces rencontres.
Que concluez-vous de cette première expérience ?
Audrey : J’en conclus que c’était une formidable expérience. Le but recherché de créer du lien entre les enfants et les personnes âgées est atteint. C’est magnifique le rapport et l’attachement que nous pouvons avoir avec des enfants aussi rapidement. ça a fait du bien à tout le monde.

Tout le monde a joué le jeu, s’est investi. Je remercie sincèrement tous les acteurs du projet.
Avez-vous noté une évolution de l’attachement entre les enfants et les personnes âgées ?
Audrey : Oui et elle est significative. Au début les enfants étaient un peu timides, réticents, ils n’osaient pas prendre la parole devant tout le monde, et vice versa.

Puis, au fil du temps, tout s’est inversé. Plus besoin pour moi d’être l’intermédiaire. Chacun se sentait à l’aise au milieu du groupe. En 6 séances de 45 minutes tout le monde avait trouvé sa place.

Qu’est-ce que ça a apporté aux uns et aux autres selon vous ?
Audrey : Les adultes y ont trouvé une motivation pour sortir de chez eux, c’est rafraîchissant, ça leur donne un but dans la journée, ils ont envie de faire plaisir aux enfants et les enfants aussi. J’ai souvent vu des enfants aller tendre la main à une personne âgée pour l’aider à se relever, ou encore lui faire des câlins, ils ont une empathie naturelle. C’est extraordinaire, c’est naturel d’être gentil et il faut l’entretenir. C’était une belle expérience humaine.

Est-ce démotivant de pratiquer des exercices avec des enfants étant donné les disparités entre vous ?
Claudine : Je ne le vis pas comme ça. J’ai de la chance de pouvoir évoluer avec eux, au milieu d’eux, et de m’amuser comme eux. Si je ne fais pas aussi bien, cela n’est pas grave. Nous créons également des liens en dehors des séquences d’activités physiques. Tout est prétexte à échanger ! Je me suis comportée comme si c’était mes propres petits enfants. C’est rafraîchissant !

Avez-vous l’impression d’avoir amélioré votre dextérité grâce à eux ?
Claudine : c’est sur qu’on se prend au jeu et que l’on essaye de faire aussi bien qu’eux. Au-delà de la progression physique, être avec ces enfants c’est un bol d’air et de bonne humeur.
qu’est-ce vous pouvez dire de ce lien intergénérationel à travers ces 6 ateliers ?

Claudine : Ça me rajeunit ! Un jour nous sommes arrivées et un enfant s’est exclamé : «mais elles ne sont pas toutes là les mamies !». Preuve que pour eux aussi il y a un attachement à nous…
Yvette : Pendant les exercices ils se sont attachés à nous. Ils connaissaient nos noms. Personnellement, je n’ai pas d’enfants aussi jeunes dans mon entourage. C’était une découverte agréable et satisfaisante. Lorsque l’on a été en difficulté, ils nous ont tendu la main, afin de nous aider à nous relever. En conclusion à refaire !

Refaire des ateliers avec des enfants avec lesquels il faudra recréer le lien n’est pas un problème pour vous ?
Unanime : « Non, ce sera une autre découverte. L’attachement n’est pas le même qu’un enfant dont on s’occuperait tous les jours »